Dans la grande famille des anciens de l'IAD, nous rencontrons aujourd'hui Marie Mc Court, sortie de l'option réalisation en 2019 et lauréate d'un Student Academy Award attribué par les Oscars pour son fin d'études "I Was Still There When You Left Me".
De quoi aimerais-tu parler aujourd'hui ?
J'aimerais surtout parler de ce que j'ai appris après avoir terminé l'IAD, à travers l'aventure des Oscars et le fait d'avoir été sélectionnée à quelques festivals avec mon court métrage.
Je suis sortie de l’IAD avec une formation en réalisation, un site Internet, et un court métrage qui m’a servi de carte de visite pour aborder le monde professionnel.
Très vite, à force d’expliquer ma démarche et mon travail que ce soit lors d'une interview, d’une présentation, autour d'un verre avec d'autres réalisateurs et réalisatrices ou lors d'une entrevue avec un producteur, je me suis rendu compte que le métier de réalisatrice ne se limitait pas à faire des films. Après avoir réalisé son projet, il faut apprendre à le présenter.
Est-ce que tu peux développer cet aspect du métier ?
Lors d'un festival, les organisateurs, les producteurs, le public sont évidemment tous là pour voir des films. Par ailleurs, ils attendent également que les réalisateurs se présentent, expliquent leur démarche et les thèmes qu’ils développent.
Je crois que ce que recherchent les producteurs, ce sont des réalisateurs qui ont une voix propre, un point de vue qu'ils assument et une démarche artistique claire. Pendant mes études, j’aurais aimé expérimenter davantage pour découvrir mon identité et développer ma créativité en dehors des exercices scolaires.
Depuis la fin de mes études, j'ai appris à m’affirmer et je découvre quelle réalisatrice je veux être car je me sens plus légitime dans mes choix.
Les réseaux sociaux ont aussi eu un rôle important dans le développement de ma carrière. A titre d'exemple, j'ai un jour posté une story Instagram en taggant un ami réalisateur qui participait avec moi à un festival. Cette story a été vue par un manager aux USA qui suivait cet ami. Cette personne m'a depuis présentée à quelques boites de productions aux Etats-Unis. Je n'aurais jamais imaginé que ma petite story mènerait à cela ... et pourtant.
Participer à autant de festivals permet sans doute aussi de rencontrer beaucoup de monde, de commencer à se faire un réseau etc...
Ces festivals m'ont effectivement donné la chance de rencontrer d'autres réalisateurs avec des démarches similaires à la mienne.
Petit à petit je me suis un peu trouvé une famille, une tribu, une communauté de réalisateurs qui font un cinéma qui me ressemble, avec qui je peux échanger, grandir et construire ma carrière. Je me suis sentie en confiance, encouragée, y compris à assumer mon point de vue dans un métier qui reste malgré tout assez masculin.
Ensuite, voir comment ça se passe à l’international m’a permis d'élargir mes perspectives. L'industrie du cinéma aux USA est par exemple très différente. Découvrir ces autres réalités a beaucoup enrichi ma vision des choses et modifié la façon dont je conçois mon métier. Une chose aussi simple que de parler Anglais m'a beaucoup aidé à m'intégrer lors de festivals et m’a ouvert des opportunités.
Entendre d'autres jeunes réalisatrices et réalisateurs présenter leurs démarches, leurs réalisations, leurs envies, leurs carrières et parfois leurs doutes m'a également aidé à soigner un peu mon "Impostor Syndrome", peut-être même plus que les prix que j'ai pu remporter (rires).
Pour finir, est-ce que tu aurais un conseil à donner à nos étudiants ?
Présenter son film à un public, rencontrer d’autres réalisateurs et découvrir d'autres horizons -internationaux ou pas- a renforcé mon envie de faire du cinéma, m’a permis de me projeter un peu plus dans le monde d'après et à me sentir légitime.
Cela m'a forcé à transformer mes intuitions en des intentions que je peux transmettre. Par exemple, je me suis rendue compte que, si j’aime travailler avec des acteurs non professionnels, c’est parce que je peux incorporer des détails de la réalité à travers leur jeu qui est moins maîtrisé. Quand je réalise, je mets en place un dispositif qui permet aux comédiens d’improviser. Lors de ces improvisations autour du scénario, je viens chercher les éléments qui me permettent de raconter mon histoire. Je m’adapte à qui ils sont et je réécris souvent en fonction de leurs propres expériences, pour qu’ils puissent s’appuyer sur des choses qu’ils connaissent.
Mon conseil ce serait: n'attendez pas la fin de vos études pour expérimenter et pour développer votre créativité. Entraînez vous à pitcher et à vous présenter, ça vous fera gagner du temps en sortant de l'école. Entraînez-vous avec des amis, faites des vidéos de vous-même et regardez-les pour apprendre de vos erreurs, tous les moyens sont bons!