Chaque année, Sylvie de Braekeleer devient "sage femme pour clowns" avec la classe de 3eme en interprétation dramatique lors de l'atelier clowns.
Au cours de cet atelier de trois semaines, les étudiant.e.s partent à la rencontre des clowns qui sommeillent en eux, les réveillent et les font évoluer avec le soutien de “Madame Sylvie”, personnage joué par leur professeur.
De l'absence de nez au clown pleinement formé
Découvrir et faire naître son clown pour qu'il prenne sa place sur scène passe par une série d'étapes:
- Premier temps: les clowns n'ont pas encore de nez. Des exercices simples permettent de se concentrer et de faire le vide pour les faire surgir petit à petit.
- Second temps: naissance des clowns qui sont muets dans un premier temps, mais loin d'être silencieux ! C'est d'abord avec le corps, leur principal outil de communication, que les clowns apprennent à exprimer et extérioriser toute la richesse de leurs vies intérieures.
- Troisième temps: l'accès à la voix, aux mots puis à la parole, vient compléter ce travail physique. En même temps que sa personnalité se dessine, chaque clown trouve son nom.
- Quatrième temps: travail sur le paroxysme des émotions et leurs manifestations dans l'espace de la scène.
Chaque clown compose son costume pour devenir, enfin, un clown unique au monde.
Le point culminant de ces trois semaines est une "classe ouverte”: trois heures d'improvisations avec un public extérieur à la classe.
Exploration d'extrêmes complémentaires
Solitude et rapport au public
Être clown c'est être seul comme comédien.ne, se retrouver dans une expérience brute, dépouillée des cadres et des repères du reste du cursus. C'est faire l'expérience d'exister, seul.e, face à un public, en s'investissant uniquement dans ce rapport.
C'est également un formidable espace de liberté, dans lequel tout devient prétexte au jeu et à improviser dans le rapport aux autres, à l'instant et au lieu.
Rituels et imaginaire
Pour entrer dans un monde imaginaire, explosif et pour improviser pendant trois heures (et plus), les clowns font appel à des rituels et à des codes précis. Ceux-ci leur permettent de trouver le calme et la concentration nécessaire.
Entrée en scène, centrage, on ferme les yeux. Une fois le nez rouge en place, premier échange de regards avec le public. Petit à petit, une transformation physique s'opère: les postures, les attitudes changent, la voix se transforme. Ça y est, le clown surgit et s'offre en partage au public!
En règle générale, les premières réactions d'un clown sont exclusivement physiques, le corps réagit d'abord, la parole vient ensuite, après quelques secondes.
Les entrées et les sorties de scènes doivent toutes faire l'objet d'une attention particulière, puisqu'elles sont des moments de rencontre ou de séparation entre le clown et son public.
Travail physique et fluidité émotionnelle
Faire le clown est une expérience intense, soutenue, parfois épuisante, toujours fatigante. En plus de la performance physique, le travail sur les sentiments est profond.
Un clown ne cache rien, assume tout et voyage continuellement dans des sentiments forts, extrêmes, paroxystiques. Comme comédien.ne, cela demande d'acquérir une grande fluidité émotionnelle.
Un atelier exploratoire
Lors de l'atelier clowns, des étudiant.e.s qui se connaissent depuis deux ans se découvrent eux mêmes, ainsi que leurs camarades de cours, sous un angle nouveau, explorent et donnent à voir des aspects (encore) inconnus de leurs personnalités.
Faire cette expérience c'est aussi permettre aux étudiant.e.s d'utiliser leurs découvertes et leurs acquis dans une très grande diversité de projets et de genres théâtraux.
Une fois qu'un clown est né, il peut être convoqué toute une vie durant!